La promotion de la langue tamasheq à travers le digital

Tamasheq Digital


Savez-vous pourquoi aujourd’hui dans les grandes villes la plupart de touaregs parlent un tamasheq si mauvais qu’il est comparable à mon français là ? Et pourquoi l’urbanisation a des conséquences néfastes sur la langue tamasheq alors qu’elle ne l’est pas sur d’autres langues ? Et le digital peut-il apporter des solutions à ce problème ?

Le Numérique un défi ou une opportunité ?

La révolution digitale en cours a fait du numérique une arme à double tranchante puisque le numérique est à la fois une chance mais aussi une menace pour certaines langues, tout dépend de l’usage qu’on en fait. Et puisqu’on parle de l’usage il faut aborder la question du professionnalisme et du maîtrise des outilles informatiques, car pour qu’une langue profite de cette révolution digitale il est indispensable que ses locuteurs aient une bonne maîtrise de ce qui est numérique, que ça soit l’usage des appareilles : ordinateurs, Smartphones, tablettes … etc.



Mais ce qui est plus important pour une communauté c’est d’avoir des gens capables de donner des solutions numériques à leurs problèmes quotidiennes et cela  demande un autre niveau des connaissances digitales et qui consiste à avoir une maîtrise de certaines techniques informatiques comme la programmation, le design, et le blogging… tous ces activités donnent une visibilité et une force considérable à une langue ainsi à la culture et les valeurs qu’elle porte, le digital étant unpuissent instrument de diffusion et propagation, alors n’importe quelle langue peut l’utiliser à condition que les locuteurs de cette aient une culture numérique, c’est là que vienne la question du professionnalisme pour que la transmission de la cultures, les valeurs, et l’information dans cette langue soit faite de manière professionnelle et efficaces et puisqu’on parle de l’information il faut insister sur deux choses très importantes et qui sont :

1-La qualité : l’importance d’un contenu se mesure surtout par sa qualité, dans un océan de contenu numérique il faut savoir se distinguer des autres et arracher sa place, et cela ne pourrait être fait qu’en améliorant la qualité du contenu diffusé, que ce contenu soit de l’information culturelle ou technologique le mot clé reste toujours la qualité. Cependant les critères de cette qualité peuvent dépendre d’une personne à une et autre et pourtant cela ne nous empêche pas d’une vision ce qui est une contenu de qualité, et qu’il s’agit surtout de ce qui n’est pas :


1-1-  Les facknews : ces types d’informations est un véritable poison qui tue la qualité l’information et met en cause la de ceux qui les diffusent

1-2- La falsification : Cette acte qui consisté à détourner  certaines informations scientifiques de leur sens initial pour leur donner volontairement  une signification erronée

2-La quantité : l’autre pilier qui donne une importance formidable au contenu digital c’est la quantité puisqu’il s’agit d’un océan d’informations, il faut compter dans cet océan là pour que vous soyez visible. Et comme la propagation du contenu digital se fait plusieurs manières  dont on peut distinguer trois types :

2-1 : l’écrit : ce type de contenu numérique reste le type le plus rependu, et pourtant il reste le maillon faible de la langue tamasheq puisque le contenu digital sur la toile dans cette langue est très faible pour ne pas dire qu’il est inexistant.

2-2 : le contenu audio-visuel: Si on exclut la musique et quelques poèmes, ce type de contenu reste lui aussi mince sur la toile.

Alors on peut constater simplement que ce qui pose problème plus pour la langue tamasheq c’est quantité et pas la qualité, et ce la pour plusieurs raisons dont les principales sont le fait que les touaregs sont frapper de plein fouet par ce qu’on peut appeler l’analphabétisme numérique, et l’autre raison c’est surtout le nombre de locuteurs alors il faut parler de la démographie

Tamasheq face à un problème démographique

Dans leur espace géographique traditionnel les touaregs font face à une forte pression démographique qui a des grandes conséquences sur le statut et la diffusion de leur langue. Puisque le nombre de locuteurs d’une langue  détermine le degré de sa propagation et de son influence dans une région particulière et dans le monde entier, et puisque la langue tamasheq partage la zone géographique avec plusieurs autres langues la question démographique devient cruciale cependant pour éviter la confusion je pense qu’il vaut mieux de l’aborder sous plusieurs angles :

Villes touarègues
Les principales villes touarègues


-1-Le déséquilibre démographique provoqué par l’urbanisation : l’urbanisation a un effet très négatif sur l’influence et la diffusion de la langue tamasheq dans sa propre zone géographique qui est l’espace Sahélo-Saharien, tout d’abord parce que beaucoup de touaregs nomade ont pris le chemin de grande capital où se trouve le pouvoir central des états-nations qui ont hérité la gouvernance de l’espace touareg de l’ancien puissance coloniale, et dans ces capitales qui sont des grandes agglomérations les touaregs ne peuvent être qu’un goute d’eau dans un océan.

Et les villes que se développent dans l’espace touaregs quant à elles attirent des populations non touaregs venues du nord en ce qui concerne l’Algérie et la Libye ou du sud en ce qui concerne le Niger et le Mali, ces populations qui plus importante sur le plan démographique finissent par occuper ces villes qui sont en constante expansion.

2-Le changement démographique organisé : Si l’urbanisation est un phénomène provoqué par la mondialisation et le nouveau mode de vie qui en résulte. L’espace touareg fait l’objet d’un changement démographique bien organisé et qui consiste à y installer des populations plus favorables au pouvoir central, et qui sont issues des ethnies qui ont hérité le pouvoir à la tête de ces nations poste coloniales qui partage l’espace touareg.

Le nouveau découpage territorial  qui vise à créer des nouvelles régions au sein de la région de Tombouctou au Mali, et au sein de la région de Tamanrasset en Algérie illustre bien cette politique de changement démographique dans lequel l’Algérie et le Mali se sont lancé depuis quelque temps, il faut bien préciser que ce deux états sont fortement  opposé à l’existence d’une nation touarègue, ainsi qu’à l’identité touarègue en général.

Le sous-développement provoqué par la désertification et des conditions climatiques très dures dans l’espace touareg va bien accroitre ce changement démographique et cela  explique en partie pourquoi ces états ne font pas grande pour le développement de cet espace, je n’exagère même quand je vous dis que le sous-développement est l’allié des pouvoirs centraux, puisqu’il pousse les touaregs à quitter leur espace devient de plus en plus un enfer insupportable.

En conclusion la question démographique reste une barrière devant l’évolution de la langue tamasheq dans sa région, pour la simple raison que l’une des grandes facteurs qui détermine la puissance et l’efficacité d’une langue, c’est le nombre de ses locuteurs qui mesure son utilité, et si certaines langues profitent d’une politique étatique dans le but de leurs expansion, d’autres ne peuvent que compter sur le travail, et la passion de leurs communauté

La pression exercée par les médiats arabophones et francophones

Les médiats qui sont devenus  un outil de rayonnement culturel et une vecteur de transmission linguistiques sur le plan audio visuel ont un pouvoir inégalé en ce qui concerne la propagation d’une langue de la culture et des valeurs portées par cette. Depuis la télévision satellitaire la pression est montée d’un cran sur langue tamasheq, dans les villes presque toutes les familles touarègues possèdent un téléviseur, et aucune chaine ne diffuse ses programmes en tamasheq, dans tous les pays où on trouve les touaregs la langue tamasheq devient en dernier place en terme d’importance accordées aux langues nationales et officielles.

La pression ne vient pas seulement des langues comme le français et l’arabe qui possèdent des médiats très influents comme RFI, France24 ou Al-jazeera, mais cette pression sur la langue tamasheq vient aussi des langues nationales comme le Haoussa au Niger et le bambara au Mali qui profite d’une couverture médiatique plus importante. Dans ce  contexte les touaregs ne font que subir les conséquences exercées   par ces médiats, et ils sont très grandes sur leur langue, il suffit de savoir que parmi la diaspora touarègue dans les grandes villes ils sont très rares les touaregs  qui peuvent parler aujourd’hui un bon tamasheq et cela constitue une menace à leur langue pour plusieurs raisons dont les principales sont les suivantes :

1-L’empreinte aveugle : Cela veut que les touaregs utilisent souvent les mots qu’ils entendent dans les médiats arabophones et francophones même si leurs équivaux  existe déjà en tamasheq, et ce qui est plus grave encore ce qu’ils ignorent les conséquences néfastes de cette phénomène sur langue, puisque beaucoup des gens finissent par confondre entre ce qui est mot tamasheq et ce qui ne l’est pas.

Par exemple aujourd’hui les touaregs utilisent le mot arabe ‘Al-thawra’ qui veut dire révolution, alors qu’en tamasheq on dit plutôt ‘tanakra

2-Changement de mentalité : Si la langue tamasheq est la langue qui a résisté le plus parmi toutes les langues berbères et  les langues des populations musulmanes à l’influence de l’arabe à travers la religion, cela ne s’est pas produit par hasard, enfin les touaregs ont une vision idéale de leur langue pour eux la langue tamasheq est la plus jolie, la plus poétique, et la plus efficace.

Cependant les nouveaux médiats sont entrain de changer cette vision qui laissent les touaregs très attacher à leurs langue, puisque la multiplication des médiats qui diffusent leurs programme en langue tamasheq a presque dégradé l’image de cette langue chez ses locuteurs, qui ont l’impression que leur langue manque quelque chose et ils n’ont pas tort.

Tamasheq


Et si on ajoute à tout cela, ces gamins qui restent des longues heurs devant les téléviseurs en suivent des films, des séries et des programmes dans une autre langue que la leur, sachant qu’à l’école ils ne poursuivent aucune éducation en langue tamasheq, alors on ne peut que s’inquiété pour l’avenir de cette langue dont le seule domaine d’exercice n’est plus autre que la conversation familiale, elle-même reste très influencée par les langues dans lesquelles se passe la conversation médiatique.

La répartition  des touaregs en nomades blancs et sédentaires noirs ne facilite pas la tâche

Depuis l’antiquité les touaregs sont divisé en deux parties, caucasiens nomades et noires sédentaires. En fait traditionnellement les nomades sont à la fois blancs libres et des noires qui dépendent des premiers, mais une fois que ces derniers sont libres ils se sédentarisent et forment des villes et villages. Mais puisque on parle de la langue quelles sont les conséquences de cette répartition sur la langue tamasheq ?

Certains états comme le Mali et le Niger ont bien su instrumentalisé cette répartition, enfin de convaincre les touaregs noirs que la langue tamasheq n’est pas la leur et qu’ils doivent plutôt parler les autres langues nationales comme le Haoussa, le Songhay et le Bambara, cet argument  trouve une certaine compréhension chez les adeptes de la négritude dans ces deux pays et cela a facilité l’émergence d’un conflit interne au sein du peuple touareg comme je l’ai expliqué dans l’article : l’arabité et la négritude se sont trouvé unennemi commun dans l’espace Sahélo-saharien.

Alors dans cette situation la promotion de la langue tamasheq doit être faite à travers des solutions innovantes qui prennent en cette répartition en nomades et sédentaires, car ce qui est adapté à la promotion d’une langue dans les zones urbaines ne l’est pas dans les campagnes. Et bien les touaregs se sédentarisent de plus en plus une bonne partie d’entre eux restent dans les campagnes derrière leurs troupeaux.  

Mais ce qui est plus important à savoir sur cette répartition, ce sont influence sur la langue tamasheq lui-même, puisque la bonne langue tamasheq ont la trouve toujours chez les nomades dans les campanes et pas dans les villes ou les villages. Et puisque le phénomène de l’urbanisation prend de plus en plus d’ampleur comme je l’avais expliqué précédemment, cela explique pourquoi le mauvais tamasheq est entrain de prendre le dessus sur la bonne langue tamasheq.

On peut observer facilement que toutes les nouvelles générations des touaregs urbains ne respectent pas les règles grammaticales quand ils s’expriment en tamasheq, d’où l’importance de bien décrire et enseigner la grammaire à ces gens, cela est d’une importance capitale d’autant qu’il s’agit d’une langue très complexe et qui n’est pas assez enseignée pour transmettre les bonnes pratiques.

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